Les putschistes qui ont renversé le président guinéen Alpha Condé ont libéré mardi des dizaines de prisonniers de l'opposition ; Et c'était à la veille d'un sommet de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest sur l'évolution de ce pays.
Les officiers, dirigés par le lieutenant-colonel Mamadi Domboya, ont confirmé dans leurs dernières déclarations que des 'consultations' nationales seraient lancées pour esquisser la transition politique, dirigée par un gouvernement d'union nationale dans ce pays riche en bauxite et en minéraux.
La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest, qui a condamné dimanche le coup d'État et l'arrestation de Condé, doit se réunir en sommet extraordinaire virtuel, mercredi, à partir de 14h00 GMT, pour discuter de la situation en Guinée.
Le groupe avait imposé des sanctions à la suite d'un coup d'État similaire au Mali en août 2020, jusqu'à ce que l'armée s'engage dans une transition pouvant aller jusqu'à 18 mois pour redonner le pouvoir aux civils élus.
Le renversement du régime de Condé, qui a duré plus de dix ans, a également suscité la condamnation internationale d'autres acteurs internationaux ; Notamment, l'Union africaine, qui a appelé lundi soir à sa 'libération immédiate' et à 'un retour à l'ordre constitutionnel'.
«Construire une démocratie pacifique»
Aucune victime n'a été officiellement signalée à la suite du coup d'État ; Cependant, les médias guinéens ont rapporté que dix à vingt personnes ont été tuées dans les rangs de la garde présidentielle, information qui n'a pas pu être vérifiée en raison du manque d'accès aux hôpitaux. Des photos et des noms d'au moins dix victimes ont été diffusés sur les réseaux sociaux, ainsi que des messages de condoléances.
Le coup d'État, survenu après des mois d'une grave crise politique et économique, exacerbée par l'épidémie de Covid-19, a suscité la joie à Conakry, où des centaines d'habitants ont accueilli l'armée au passage et scandé « Liberté, liberté !
L'Union nationale pour la rotation et la démocratie, une coalition d'opposition dirigée par le principal rival de Condé, l'ancien Premier ministre Selo Daline Diallo, a exprimé son soutien à la nouvelle force militaire 'dans un effort pour construire une démocratie pacifique' en Guinée.
Un communiqué indique que l'Union nationale pour la rotation et la démocratie exhorte l'Assemblée nationale et la Commission du développement à inclure dans ses responsabilités prioritaires la mise en place d'institutions légitimes capables de mettre en œuvre des réformes pouvant conduire rapidement le pays à la réconciliation nationale et à l'instauration de l'État de droit. .
Le parti de Diallo, l'Union des forces démocratiques de Guinée, a également annoncé lundi la restauration de son siège et de ses bureaux dans la périphérie de Conakry, après que les forces de sécurité l'aient fermé au lendemain de la réélection de Condé pour un troisième mandat en octobre 2020, auquel le parti s'est fortement opposé.
Les forces spéciales guinéennes dirigées par Domboya disent avoir arrêté le chef de l'Etat pour mettre fin à 'la mauvaise gestion financière, la pauvreté et la corruption endémique', ainsi que pour 'abus de justice (et) violation des droits des citoyens'. Elle a souligné qu'elle voulait rendre 'la politique au peuple'.
Les putschistes ont dissous le gouvernement et les institutions, et annulé la constitution adoptée par Condé en 2020, qu'il briguait un troisième mandat la même année, malgré des mois de protestations sanglantes.
Intérêts garantis
Mardi soir, la libération d'un premier groupe de dizaines de personnes, dont la plupart ont été arrêtées lors des manifestations, a commencé.
Un correspondant de l'AFP en a vu une vingtaine sortir de la prison civile de Conakry ; Parmi eux, les opposants Abdullah Bah et Etienne Soroboghi, et le dissident du parti au pouvoir Ismaël Condé, condamné à trois ans et quatre mois de prison pour des propos dans lesquels il considérait que seules les armes pouvaient écarter Alpha Condé du pouvoir.
Une liste de 79 détenus libérés mardi a été approuvée, après consultations entre les nouvelles autorités, l'administration pénitentiaire et les avocats des détenus, selon les avocats.
Les nouveaux gouverneurs de Conakry ont également tenté de rassurer les partenaires et investisseurs étrangers ainsi que leurs propres citoyens.
Mamadi Domboya, lors de sa première apparition publique lundi, s'est engagé à respecter tous les contrats économiques et miniers signés et qu'il n'y aurait pas de 'campagnes de harcèlement criminel', mais il a puni les anciens ministres en les empêchant de quitter le pays, et leur a demandé de remettre sur leurs passeports et leurs voitures officielles.
Le coup d'État est la dernière étape d'une histoire très volatile dans ce pays, qui a connu des régimes autoritaires et dictatoriaux successifs depuis son indépendance en 1958, et a été témoin de nombreux actes de violence perpétrés par ses forces armées.
Commentaires
Enregistrer un commentaire